dimanche 29 novembre 2020

29.11.2020 Le Naufragé de Gdynia, partie 1

 


Le Professeur Ralou s'était installé à Marseille il y a vingt ans déjà, après dix ans à Paris et une enfance dans le Finistère. Marseille était parfaite : bouillante, conquérante, drôle et toujours en mouvement, c'était sa ville désormais. Il pensait en connaître chaque recoin et il en était devenu lui-même une figure locale. Surtout depuis le mois de Mars.

Quand l'épidémie avait surgi, il avait accueilli l'information comme une nouvelle donnée à ajouter aux autres données courantes. Les premières infos étaient troublantes mais finalement peu inquiétantes : diversité des symptômes, classiques et inhabituels, incubation rapide, mode de transmission incertain, létalité basse, voire nulle et indirecte. Pas de quoi paniquer donc. Il avait donné à ces équipes des consignes très tôt et des pistes de tests et recherches. De toute évidence, ce nouveau virus n'avait rien de bien naturel. Les victimes perdaient un des cinq sens : vue, ouïe, odorat, goût, ou même toucher pour certains. Ca ressemblait drôlement à un de ces expérimentations des labos militaires de Vladivostok, dont parfois sortaient des chimères bien difficiles à endiguer. La dernière fois, en 2031, celui qu'on avait appelé le Leftir-X rendait les gens sourds de l'oreille gauche en 48 heures. Uniquement la gauche ! Pour éviter la panique, les scénaristes du Cabinet 45, la section Science & Réaction du Gouvernement, avaient inventé une version officielle sous dix heures : "Le Leftir provenait d'une altération génétique du Colin d'Alaska due à sa rencontre avec une ancienne souche de grippe réapparue de la fonte des glaciers arctiques d'Ellesmere". C'était assez plausible pour que ça passe. Une série d'article scientifiques pointus avaient été commandés au CSIE (1) pour étayer cette théorie.

C'était une partie du travail du Professeur Ralou au sein du Consortium : ponctuellement écrire des articles de contenu assez complexes pour épaissir des scenarios officiels inspirant la méfiance. Ralou et ses collègues savaient que le Leftir-X était en réalité sorti par erreur du laboratoire secret de Rousski en Russie, le 'Scolopendre' comme ils l'appelaient, où la recherche était axée sur la chirurgie biomoléculaire et la régénération des cellules de la peau. Mais comme la menace avait été identifiée, calibrée puis classifiée sous la nomenclature DNL (2) , sans danger donc, tout le monde s'était exécuté sans trop râler. Il y avait eu environ 80 000 cas dans le monde, principalement au Japon, au Canada et en Amérique du Nord. 80 000 personnes avaient perdu l'ouïe de l'oreille gauche. Aucun traitement curatif à 100% n'avait été trouvé. Les Laboratoires Victory Labs en Australie avaient commercialisé le RevIr fin 2031 mais le vaccin ne ramenait que 10% d'audition. Non, les grands gagnants de l'épidémie avaient été Beyer Sonyx, la firme de produits audio, qui avaient inventé des prothèses auditives extrêmement efficaces, 40% d'ouïe retrouvée mais surtout une interface de contrôle unique qui permettait la gestion domotique de votre habitat par le chuchotement. Les victimes du Leftir se reconnaissaient donc par ces drôles de capsules insérées dans leur oreille gauche se prolongeant par une fine tige recelant un micro posé juste au dessus de la tempe. A l'époque certains jeunes hurluberlus trouvaient ça très "cyberpunk" et avaient créé un club, les X-Left pour recenser toutes les victimes, auxquelles ils prêtaient des super-pouvoirs.

Au Consortium, Ralou et ses disciples avaient pris l'habitude de gérer de tels événements et fabriquer du contenu pour les crises sanitaires soudaines, mais continuaient à régulièrement alerter le Cabinet 45, mais aussi le Ministère de la Santé Publique sur la possibilité d'un débordement un jour ou l'autre. Les laboratoires Russes, du Groenland et d'Islande devaient être mieux sécurisés et certaines recherches moins prises à la légère.



En ce beau matin de février 2040, il se demandait si on n'en était pas arrivé à ce point fatidique. Le virus n'était clairement pas naturel, mais aucune source officielle ne leur avait été communiquée. Aucun labo, Russe ou autre n'avouait avoir raté ou laissé filer une chimère. Pour rassurer la population mondiale, Le Cabinet 45 avait bien officialisé une thèse impliquant les taupes en porteurs via une interaction avec des chauve-souris. Ralou avait confié à son proche collaborateur, le Docteur Von Sternberg, le soin d'élaborer des argumentations scientifiques solides pour le Ministère. Mais cette fois-ci, quelque chose n'avait pas fonctionné dans le processus pourtant bien rôdé de dissimulation et couverture. D'abord, personne ne semblait savoir d'où venait réellement le virus, ce qui n'était jamais arrivé auparavant, la déontologie des services secrets imposant une transparence radicale entre les laboratoires internationaux. Mais surtout, certains cas déclenchaient des contrecoups immédiats extrêmement choquants, notamment un grand nombre de suicides pour ceux qui avaient perdu la vue ou l'ouïe. Pour l'odorat, le gout et le toucher, les réactions étaient plus mesurées même si quelques cas fatidiques étaient notés dans les domaines de la restauration notamment.

Les consignes officielles étaient d'attendre. Tout le monde au Consortium pensait que la source serait bientôt divulguée et la parade trouvée ou que l'épidémie se tarirait d'elle-même. Ralou lui était plus inquiet. Il n'aimait pas les scenarios où aucun élément familier n'intervient. Il gardait en tête l'infime possibilité d'une attaque bactériologique mais l'arborescence de ses réflexions ne trouvaient pas de source, pays, organisation terroriste, scientifique fou, rien.

Pendant qu'en France l'attente prenait le pas sur la réaction, le nombre de victimes se multipliait sur une ligne couvrant la Pologne, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg et le nord de la France. La panique commençait à monter d'autant plus qu'au fil des jours, le cas le plus fréquent s'avérait être la perte de la vue. Les gens s'étaient mis à commander par milliers des masques de plongée en caoutchouc pour être sûr que leurs yeux seraient protégés en toute situation. Le problème c'est qu'on ne savait pas vraiment comment se transmettait le virus. Les grands laboratoires s'étaient lancés dans l'étude de cas et la course aux tests mais la réalité c'est que personne ne comprenait rien à cette histoire. Après une vérification complète de tous les réseaux habituels reliant les laboratoires de tests, les chercheurs référents, les états majors militaire et les ministères de la santé, le commissaire Montceau du Cabinet 45 avait appelé Ralou pour lui dire que non, ils n'avaient aucune idée d'où était sorti ce virus. L'origine avait été tracée en Pologne mais le fil s'arrêtait là, à Gdynia, à trente kilomètres au nord de Gdansk, à l'Institut de Médecine Maritime et Tropicale, où l'alerte avait été donnée suite à un cas de marin soudain devenu aveugle et sourd et qui avait mis fin à ses jours à l'hôpital. Il n'avait lui-même donné aucun indice ou signe particulier. C'était le seul cas de double symptôme jusque là. Le problème c'est qu'on ne trouvait pas la connexion. Ce marin, Jakob Wisniewski, était rentré d'une ballade en mer sur son petit voilier mais rien dans l'habitacle ne laissait penser à un empoisonnement, un contact avec une bactérie ou même avec un animal marin quel qu'il soit, à part une boite de hareng en sauce. Une enquête était en cours pour retracer son parcours avant de prendre la mer. Certains médecins pensaient que c'était peut-être un cas isolé, même si les symptômes coïncidaient bien. Les recherches s'étaient concentrées tout de même sur une éventuelle mutation de virus chez le hareng ou le saumon. La toxicité des poissons de la Mer Baltique était bien connue des scientifiques du REACH (3) et il semblait normal de la mettre en cause à nouveau.

Tandis que l'ascenseur conduisait Ralou au laboratoire souterrain du Consortium où les tests avaient démarré, il passait en revue son petit schéma habituel : isoler le virus, élaborer un vaccin, soigner les malades, protéger les gens, enrayer la contagion…

La section UNDR-6 était au niveau le plus bas. Ils l'appelaient le "Centre de la Terre". On y travaillait sur les nouveautés essentiellement, les inconnues. La chef du labo, Barbara Callaghan accueillit Ralou d'un air sévère.

- On n'a rien. Les échantillons ne donnent rien.

- Les échantillons de Gdansk ?

- Gdynia oui. A croire que ce type était en parfaite santé et que comme ça, Ding - elle claqua du doigt - il a perdu la vue et l'audition !! C'est à n'y rien comprendre.

- Et le hareng ?

- Dégueulasse. Bourré de biphényles polybrominés, interdits depuis 2000 pour info. Il y avait aussi des chips, soda, biscottes et plein d'autres merdes, mais rien qui nous ramène au Kraken.

- Shit !

Ils avaient décidé d'appeler ce nouveau virus le Kraken étant donné son côté mystérieux et Baltique. Officiellement, les autorités avaient opté pour SNS-31.

- On a des données croisées de toutes les victimes polonaises ?

- Oui, les gars sont en train de les étudier, je te les monte quand c'est fait.

- Ok. Combien de cas ?

- en 120 heures environ, on a 1245 cas en Pologne, 5542 en Allemagne, 2112 en Belgique, 1256 en France. On n'a pas les chiffres du Luxembourg.

- ah bon ? Pourquoi ?

- Aucune idée. Ah, et on a 5 cas au Danemark aussi.

- OK. Et en population ?

- Globalement entre 8 et 45 ans. Aucune victime au-delà de 55, ni en dessous de 5.

- Et en symptômes ?

- 71% en perte de vue, 19 pour l'ouïe, 8 le goût, 1 l'odorat et 1 le toucher. Je t'ai tout noté sur cette fiche.

- Merci Barb, good job, je remonte.

- Ah tout'

Tandis que Ralou remontait à la surface de la terre, il reçu un texto de son collègue Ferguson au CVR (4) de l'Université de Glasgow en Écosse. Le message était aussi clair que stupéfiant : "I think it's dying out". Le virus était en train de disparaître ?? Déjà ???

Mais qu'est-ce que c'était que cette histoire ?!?

Arrivé dans son bureau il appela immédiatement l’Écossais.

- Hi Ronald ! Are you okay ? What the hell is going on ?

- Hey frenchy ! Yep, we're fine. Thing is we haven't had any more new cases in the whole of Europe for more than 5 hours now. That shit is dying out. I have absolutely NO explanation at all.

- Ok, I'll check Europe and keep you posted.

- Fine, thanks, take care Denis.

Il appela Von Sternberg .

- Hello Sam ! Dis moi, je viens d'avoir Ferguson à Glasgow, il dit qu'ils n'ont pas eu de nouveaux cas depuis plus de 5 heures. Il pense que le virus est en train de disparaître mais pas d'explication. Tu as quoi sur l'Europe ?

- J'allais t'appeler justement. Même phénomène ! Le nombre de nouveaux cas est infime ! Personne n'y comprend rien.

- Ok, on se rappelle.

Il avait cinq appels manqués du Cabinet 45 et un du Ministère. Les médias se lâchaient en mode fin du monde, virus Armageddon. Une victime, un ado devenu aveugle répondait à une interview en pleurant et suppliant que sa vue revienne, une autre faisait l'idiote sur Twitbook en plongeant sa main dans un feu de cheminée et montrant qu'elle ne ressentait pas la douleur. Les gens se ruaient dans le magasins pour acheter non seulement des masques de plongée, mais aussi des boules Quies, des gants, combinaisons, cagoules de toute sorte. La situation virait à la panique. L'Express avait sorti une édition spéciale au titre rouge sur un fond noir : "On ne sait pas !" A la télévision des spécialistes internationaux se succédaient en assénant des théories pour le moins fantastiques. Ralou savait bien qu'ils n'avaient que les infos fournies par le Consortium, rien d'autre. Ils ne pouvaient donc tout simplement pas avoir de théories bien concrètes. Il avait tout de même missionné un stagiaire, David, le fils de sa sœur, pour écouter tous ces fanfarons de la médecine au cas où l'un d'entre eux, par miracle, sortirait une idée utilisable. Le jeune homme, en école de Communication et Enchantement, surveillait aussi les réseaux sociaux pour repérer tel ou tel nouveaux cas ou situation.

Ralou appela Montceau au Cabinet 45 pour lui annoncer l'absence de nouveaux cas depuis plusieurs heures en Europe.

- Vous êtes sûr ?

- Nous avons des mises à jour toutes les demi-heures.

- Ok, qu'est-ce que je dis au Ministre ?

- Que l'épidémie semble se calmer d'elle-même. Je ne suis pas sûr que le mot "épidémie" soit vraiment pertinent d'ailleurs.

- Quoi ? On a bien une contamination qui se répand sur l'Europe de l'Est ?

- Oui mais pas au Nord, ni au Sud, ni à l'Est en Russie. C'est très délimité.

- Et vous en concluez quoi ?

- Que c'est peut-être juste un accident.

- En attendant les gens s'habillent en cosmonautes et c'est la panique à bord !

- Je n'y peux rien.

- Bon, j'appelle le Ministre, rappelez-moi dans 30 minutes !

- Au revoir.

Montceau était très sonore. Ralou l'imaginait mouliner des bras en écarquillant les yeux derrière ses grosses lunettes. Ils se connaissaient depuis bien longtemps et malgré leurs radicales différences de style, ils s'appréciaient beaucoup.

Un nouveau message de Barbara apparu sur son écran : 5 nouveaux cas au Danemark (4 perte de vision, 1 odorat), 2 en Allemagne (vue), 2 en France (odorat). Un message de Montceau apparu mais coupés par l'appel entrant : Vincent à l'accueil.

- Professeur Ralou ? j'ai France Direct sur l'autre ligne, Suzie Duflot, qui voudrait une interview exclusive et votre avis sur la situation.

- Une seconde Vincent, merci ! coupa Ralou. Il voulait regarder le message de Montceau avant de répondre.

"On valide l'épidémie en baisse rapide, go go go !"

- Vincent ? Oui, je la prends.

- Ok je vous mets en relat…

- Professeur Ralou bonjour, Suzie Duflot, France Direct ! Confirmez-vous le titre de l'Express : vous ne savez rien ?

- Bonjour Suzie, quelle joie de vous entendre, comment allez-vous ?

- Les gens voudraient savoir s'ils vont tous devenir aveugle ?

- L'hiver est assez doux vous ne trouvez pas ? Et quel beau soleil depuis une semaine !

- Ralou c'est la crise ici ! Vous avez des réponses ou pas ?

- Nous publierons un communiqué officiel dans 20 minutes. En attendant ce que je peux vous dire c'est que ça se résorbe doucement.

- Comment ça "résorbe" ?? Il n'y a plus de nouveaux cas ??

- Très peu.

- Ca n'a pas de sens.

- En tout cas ça peut rassurer vos téléspectateurs. Bonne journée Suzie.

- Vous avez des cas de multi-symp…

Ralou avait raccroché, il avait d'autres chats à fouetter. Tout d'abord il aimerait bien lire le rapport d'enquête de la police de Gdynia, espérant qu'il avait été traduit entre-temps, le Polonais n'étant pas sa spécialité. Il texta un message rapide à Montceau en ce sens, puis ouvrit une page Map pour saisir ses infos sur une carte d'Europe. Il appela Barbara.

- Hey Barb ! Est-ce que tu sais si le détail des victimes a été saisi sur la base ? Je n'ai rien sur la carte !

- Oui théoriquement, je me renseigne.

- Merci.

Il alluma la télévision quelque secondes et pensa un moment qu'un tournage de film de science-fiction était en cours ! Des gens se ruaient dans les supermarchés affublés de masques de plongée, gants en caoutchouc et casques audio sur les oreilles ! C'était complètement surnaturel. Un prédicateur illuminé expliquait en gesticulant que la nature se vengeait de l'aveuglement de la civilisation à ne pas la respecter en lui ôtant la vue ! Il coupa le son.

Les données commençaient à apparaître sur la carte, comme autant de petites épingles multicolores ! Gdansk et Gdynia étaient bien le point de départ, qui filait ensuite vers l'ouest en suivant une ligne assez claire. Très claire même. Les dernières données apparaissant, Ralou éclata de rire.



(à suivre)



(1) CSIE : Consortium Sanitaire Intra-Européen

(2) DNL : Dégénération non létale

(3) REAC : Registration, Evaluation and Autorisation of Chemicals

(4) CVR : Centre for Virus Research

mercredi 25 novembre 2020

26.11.2020 Lettres à Roselyne : énergie

 


Chère Roselyne,

Vous tenez dans vos mains ma 29ème lettre. J'avais prévu de vous écrire jusqu'à la réouverture des librairies. Ce sera chose faite demain.

On en a évoqué des sujets depuis la première le 23 octobre dernier : la fermeture des libraires bien sûr, mais plus largement l'engagement pour la culture. L'inventivité aussi, face à l'apathie générale de vos collègues. L'absurdité des mesures prises, comme scotcher les rayons culture dans les grands magasins. Et puis la décroissance Roselyne, laisser mourir les vieux dinosaures, abandonner le modèle Américain. Et les gens Roselyne, LES GENS ! Prêts à résister et reconstruire, avec la force et l'humour, et de l'énergie, bien plus que tous vos députés avachis. On a parlé des enseignants, des créateurs, entrepreneurs, seuls visionnaires devant une jeunesse qui s'ennuie. Le Futur Roselyne, on en a parlé plusieurs fois ! Abandonner vos vieilles combines, votre clubbing de nantis boursouflés dont la vie repose sur des campagnes de communication redondantes et puériles. Et votre président, robot triste, qui déverse en flot continu de l'argent public ou emprunté sans savoir où il va ni s'il va relancer quoi que ce soit pendant que son gouvernement au snobisme fascisant prépare activement le premier tour de 2022, le monde d'avant encore et encore répété. On a parlé d'esprit d'entreprise aussi, d'aller vers l'avant en entraînant tout un microcosme avec soi, de cette énergie créative qui déplace des montagnes, mais que vous ne semblez pas comprendre du tout. Et finalement Roselyne, on a parlé de la résistance, car oui, gazés, nassés, flash-ballés, ou inondés de cash-flow, il y en aura toujours deux ou trois sur votre route qui résisteront. Et puis quatre, cinq, dix, et cent.

L'opportunité de cette période ma chère c'était de réparer les vieux systèmes utiles, recycler les déchets mais surtout inventer de nouveaux systèmes, finalement simples et raisonnables mais qui demandent une ouverture d'esprit que votre génération de gouvernants n'a jamais eue.

Demain je vous écrirai une dernière lettre Roselyne, une histoire plutôt, humoristique et bien troussée, comme j'ai plaisir à écrire en ce moment, parce que vous m'y avez donné goût finalement ! Et oui Roselyne, les flux d’énergie sont invisibles : vous imaginer en interlocuteur de mes petites chroniques m'a fait devenir réellement chroniqueur. Ceci est multipliable à l'infini. N'importe qui peut inventer une source d'énergie qui lui donne d'abord une direction, puis un talent, un savoir-faire. Vous comprenez ? C'est la dynamique qui crée la route. Vous ne pourrez construire le futur Roselyne, que si vous ne le voyez pas comme quelque chose défini à venir, mais comme un mouvement, enveloppant, constant. Notre job Roselyne, c'est de repérer, assembler, inventer si besoin, nourrir puis libérer. Nous ne sommes que de l'énergie, pas autre chose. Demain cette énergie que je suis, me fera vous écrire une trentième lettre. Dans l’absolu elle est déjà écrite, et vous, mes amis Facebook, l'avez déjà lue. On est déjà dimanche, un volcan s'est réveillé quelque part, un écureuil a déjà sauté de l'arbre que je viens d'inventer et des futurs extraordinaires sont en train de naître dans vos yeux qui lisent ceci. Roselyne Bachelot ne sait rien de tout cela. Mais comme nous, en ce moment, elle a deux choix : deux choix que nous avons tous les jours à chaque seconde : être géniaux ou démissionner. Nous pouvons nourrir une dynamique et la faire éclore, ou quitter la route un temps, bifurquer, et re-générer une énergie source.

Nous sommes de l'énergie pure.

.

Ce fut un plaisir de vous écrire chaque jour Roselyne, portez-vous bien, dites à Casse-tête de bien se couvrir, à Tarte-tatin de démissionner et n’oubliez pas d'éteindre le robot en sortant.

Bisou bisou.

Bruno.

mardi 24 novembre 2020

25.11.2020 Lettres à Roselyne : l'automate

 


Oui, on est content c'est vrai, que les libraires et petits commercent ouvrent, et les théâtre en décembre. Bon, on ne va pas non plus vous donner un Molière de la Meilleure Gestion de Crise hein, vous auriez pu de ne pas les fermer au départ. Bon, allez : Tüüüuuut * cotillons ** tutûûûüÛÛuut * bamboche * * !! ** tüüüüt*. Hop. ça ira là Roselyne ? Tüüüt oui c'est ça, remettez vous un peu, voiiiiiiilà, on n'est pas chez Ruquier.
Bon.
Par contre, mais alors ça doit absolument rester entre nous Roselyne, vous allez me promettre de n'en parler à personne, mais votre boss là mmmh ? Il n'y est plus du tout.
Non mais alors plus DU TOUT Roselyne enfin.
Non mais je ne veux pas dire qu'il est incohérent ou fébrile ou juste étrange. Je veux dire Roselyne qu'il n'Y EST PLUS DU TOUT ! IL N'EST PAS LA si vous préférez, fshuiiiit ! Nada !
Ce qu'on a vu hier soir est un automate.
On est bien d'accord Roselyne ? AH NE ME FAITES PAS DU Gna gnagna mhmbl bl bl dans votre barbe ! A moi vous pouvez tout dire vous le savez bien mmmh ? Il a craqué et vous l'avez remplacé par un sosie automatisé, c'est ça ? Ne niez pas c'est inutile.
Les cheveux par exemple, on voit très bien qu'ils sont ajoutés en direct sur écran vert. Non mais Roselyne vous croyez qu'on ne connaît pas les trucs d'effets spéciaux des films de super-héros là ? Si on fait bien attention, on perçoit un léger décalage par moment entre la tête et les cheveux ! Oui, regardez mieux.
Et les sourcils Roselyne, LES SOURCILS !! Vous voyez bien que ce sont ceux de Sarkozy !!! Comment ça vous n'êtes pas physionomiste ? Non mais à ce niveau là Roselyne, on parle de conjonctivite aiguë !! Bon, admettons. Mais vous n'êtes pas sourde tout de même ?
Le tableur Excel vous l'entendez oui ? Mmmh ? C'est évident Roselyne faites un effort ! 4000 trr trr 2000 tr trrr 30 000 trr trr 40 000 trrr tr 5000 tr trrr 100 milliaaaaaards trrrrrrrrr trrrrrrrrrr !!
Non ?
Non mais là Roselyne je vais commencer à penser que vous êtes un tout petit peu partiale. Bon. Vous l'aurez voulu : LA preuve finale alors.
Vous voyez le petit point rouge sur son costume là ? Moui. A droite. Voila. Mmmh ? Alors ?
Mais enfin Roselyne, vous avez vu K2000 non ? ou R2D2 ? Terminator ? Mais même sur votre téléviseur enfin Roselyne réveillez-vous ! Le petit point rouge scintillant.
Mmmh ?
A droite sur son costume mmmh ?
Mouiiiiii ouiiiiiii je sens que ça vient mouiiiiiii Roselyyyyyyne ? MAIS BIEN SÛR : UN CAPTEUR INFRA ROUGE !!!
Ce type est un automate télécommandé. Probablement de derrière la caméra.
C'est la preuve de trop vous ne pouvez plus nier Roselyne.
Mais alors... si lui ? ... alors peut-être que Jean ??? NON ! Darman... ??? mais... NON... PAS VOUS ROSELYNE... C'EST IMPOSSS... OH MON DIEU ! VOS CHEVEUX !

lundi 23 novembre 2020

24.11.2020 Lettres à Roselyne : baby boom

 



Vous vous souvenez en mars, tout le monde disait qu'il allait y avoir un baby boom en décembre suite au premier confinement haha ! Mais PAS DU TOUT ! C'est un boom des divorces !! A croire qu'on connaît peu les gens avec qui l'on vit finalement !! Bon, mais moi je m'inquiète un peu pour vous ma chère Roselyne.
Oui parce que imaginons : si tout le monde se sépare, ça va tout dédoubler non ? Ca va faire marcher l'immobilier ça okay mais surtout ça va annuler les conflits de choix ! 2 décisionnaires séparés qui vont désormais voter à 100% pour eux-mêmes !! Et donc en 2022, pour l'élection Roselyne, ça pourrait bien chauffer pour vos fesses !
Des études montrent qu'on vote 'en famille', disons que dans une famille, un choix de vote politique est assez naturellement 'avancé' par l'un des membres qui va, plutôt facilement, convaincre les autres, qui n'ont ni envie de se friter, ni même parfois de débattre sur des sujets ennuyeux ou trop casse-tête. Mais là, si tout le monde a pris ses cliques et ses claques, ça va changer la donne non ? Vous allez devoir sur-cibler certains profils ! Ça nous promet un grand festival de révélations épiphaniques écolo-féministes à droite et une bonne bordée révolutiono-collapsoniste à gauche ! On va bien se marrer... Bon, en l'état avec Jadot et Piolle, vous être tranquille Roselyne, aucune chance. Par contre vous l'avez vu l'autre pointer son nez, Mister Frenchy ? mmh ? Le Montegredin ? Voui. Ça vous pend au nez Roselyne. Vous devriez penser à rapidement vous auto-déclencher une illumination permaculturo-sororitaire sinon vous allez devenir has-been en un rien de temps, et ça je ne le supporterai pas.
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dimanche 22 novembre 2020

23.11.2020 Lettres à Roselyne : les grandes manoeuvres

 


Non mais franchement Roselyne ? C'est bien plus rassurant non ? De penser que tout ça était prévu, planifié, orchestré de main de maître par un conglomérat sataniste de playmobils mégalo-omniscients ? Non ?
Plus rassurant que de se dire que tout ça n'est orchestré ni planifié par personne et que les gens à qui on a filé les rênes du truc sont au mieux incompétents, au pire totalement perdus ?
Vous n'êtes pas d'accord Roselyne ? Non mais imaginez que je vous apprenne que le chirurgien qui va vous opérer du cœur dans une heure est diplômé d'Harvard en comptabilité et que sa seule formation médicale est un stage de secourisme en 1992 au Club des Castors Juniors de Flipon sur Grognette mmmh ? Vous y allez quand même ? Le gars arrive en costard et vous annonce que votre cœur est de la catégorie secto-spatiale des atypismes neuroterminés dont 1.2% sont vasco-suturés par oxydation intracapilaire, que la situation est grave et qu'on ne peut plus tergiverser : il va falloir procéder à une ablation totale de l'organe qui sera ensuite ventilé et updaté à la version 2.4 bien moins sensible aux attaques cyro-pustulantes. Voui.
Et comment vous respirez vous pendant ce temps là mmmh ? Sans coeur mmh ? Aucun problème, on vous fait un virement continu de 300 mg de benzodiasépix irradié et 2 cuillères à soupe de polyzentonate de chloridium directement via le conseil régional. Aies confiansssssss !
C'est pas un tout petit peu plus flippant ça Roselyne ?
Bon.
Le truc c'est qu'on a compris maintenant, on compatit un peu même. On va survivre voyez. Mais par contre on va vous remplacer. On va en chercher des plus expérimentés. Et plus humbles. Et qui anticipent. Et qui gèrent avec bon sens. Et mieux entourés. Et...
Allez, bisou bisou.

22.11.2020 Lettres à Roselyne : le jeu

 


Une fois n'est pas coutume, Roselyne, en ce beau dimanche de novembre bien confiné je vous propose un petit jeu ! La règle est simple : je vous montre une image représentant une situation tout à fait inexplicable, je vous fais plusieurs propositions de réponses, et vous choisissez la bonne. Si vous gagnez, je vous chante une petite chanson. Si vous perdez, on rouvre les librairies, disquaires et petits commerces ok ?
LA QUESTION : que font ces gens ???
1. c'est une séance du conseil de sécurité (de gauche à droite : Lallement, Véran, Macron, Darmanin et Donald Trump).
2. c'est la grande fête du déconfinement chez les Daltons. (ils ont invité Ma Dalton)
3. le personnage assis est un terroriste et tient une grenade à la main droite. Il la fera sauter SAUF si l'un des 4 autres parvient à faire une note de musique juste. Comme c'est impossible, il est mort de rire.
4. c'est un ancien métier : "musicien". Là on en voit 5, en "groupe" ou "orchestre" qui entonnent un "morceau de musique" endiablé au moyen d'un "trombone" (gauche) d'une "clarinette", d'un "violon" (haut) d'une "batterie" (bas) et d'un "tuba". Le groupe forme des ensembles de sons énergisants ou émouvants lors de séances appelées "concerts" ouvertes au public. Activité très prisée jusqu'au début du 21ème siècle puis tombée en disgrâce vers 2020 où elle fut interdite pour des raisons non encore élucidées.
5. ce sont des fous dans un hôpital psychiatrique. On ne sait pas du tout ce qu'ils font.
6. C'est une image du spectacle "Amélie-les-Crayons chante avec les Doigts" (la scène où Les Doigts de l'Homme enferment  Amélie les Crayons dans une des caisses en bois pour pouvoir faire un solo de 15 minutes tranquille.)
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c'est à vous Roselyne.

vendredi 20 novembre 2020

21.11.2020 Lettres à Roselyne : le monde d'après

 


"Le monde d'après". Au fil des temps de crise qui passent, il a pris du plomb dans l'aile. J'ai écouté votre France Culture ma chère Roselyne, et votre idée des deux mondes culturels séparés : le Patrimoine et le Numérique. Votre monde d'après à vous, c'est de relier les deux, avec l'idée que modernisation = numérisation. C'est super Roselyne mais c'est pas le monde d'après ça. C'est la suite simple et logique du monde d'avant. Idem, votre histoire de diriger l’Europe du numérique en 2022, avec de bonnes allusions à votre grand patron qui serait idéal pour mener ce leadership, c'est de la suite du monde d'avant aussi. Et votre laïus sur l'autonomisation des citoyens par la presse pendant que vos amis de l'Intérieur empilent les lois sécuritaires, c'est juste du blabla de campagne. Vous êtes en campagne 2022 en fait c'est ça ? Bon. Ben dites-le.
Le monde d'après Roselyne, il est bien plus vaste. Il est complexe, composé de myriades de microstructures reliées entre elles par un système de respiration commun : la pertinence. Comme un corps humain oui : peu de déchet, peu de superflu, peu d'éclat sans doute, mais une association de talents complémentaires durable et solide. Votre monde Roselyne trimballe tant bien que mal ses monstres : lourds, assoiffés, intrusifs, malades, avachis sur le monde à en sucer la moelle en perfusion continue. Il suffira qu'on leur enlève 100 grammes de monde bouffé par jour pour qu'il étouffent.
Pour le moment encore beaucoup de gens mangent des ordures en quantité parce que c'est joliment emballé, parfumé, et moins cher. Mais petit à petit, ils sauront. Qu'en mangeant mieux, on mange moins, et que ce qui en découle n'a pas de prix : l'équilibre. Vous comprenez Roselyne ? Quand on ne cherche pas à être visible à tout prix, on devient pertinent. Et, pertinent, on est à sa place, essentiel. Quand ce cycle là débutera, vos monstres disparaîtront, horrifiés de comprendre que leur perfusion était plantée dans leur cul, depuis le début.
C'est beau un monstre, c'est vrai, la somme de toutes nos peurs. Ça fait de belles histoires, des films, des peintures dans une grotte, un bruit étrange dans le placard la nuit. Mais au final c'est lourdaud, pas très malin, et très très peureux.
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